jeudi 7 janvier 2010

Tenerife et yachtmaster: la petite histoire d’un coup de folie sous ombre d’un volcan

Bon, commençons par dire que cette idée d’aller faire un cours de voile aux Iles Canaries m’est soudainement apparue comme pure folie, quelques jours avant de partir, mais il était trop tard… Ça remontait en septembre ou octobre, quand j’ai décidé de ne plus tenter de traverser l’Atlantique « su’l pouce » parce que de 1) le timing était pas bon, je m’étais mal renseignée ( les voiliers qui partent avec les Alizés le font plus vers la dernière semaine de novembre ou début décembre), de 2) on m’a dit que c’était plutôt plate et sans grand événement (c’est vrai que de se faire pousser sur le même bord pendant 25 jours, à 10-12 km/heure, avec comme seuls compagnons les longues vagues roulantes de l’océan, ça peut devenir un peu monotone…), et que de 3) j’avais réalisé que c’était bien de voyager et tout, mais que de se poser en Italie pour quelques semaines avec mon amoureux dans ce magnifique coin de pays avaient beaucoup de charme aussi. J’étais plutôt heureuse (et fière) de mon périple le long des côtes de l’Espagne et Portugal avec Bernard et du cabotage entre îles grecques et Turquie avec Francis et Marie; cela avait renouvelé mon goût de faire de la voile, j’avais énormément appris, et je m’étais mise dans la tête que suite à cela, mon but était de gagner suffisamment de confiance et de connaissances techniques pour pouvoir dorénavant louer, sans capitaine autre que moi, un voilier de n’importe quelle taille, n’importe où au monde. Bien sûr, comme quiconque qui a fait de la voile le sait, les réglementations concernant le nautisme sont très irrégulières d’un pays à l’autre, et en général déficientes partout. Ce qui veut dire que tu peux, à peu près partout sauf dans quelques pays européens, prendre un bateau et te promener avec sans aucune sorte de certification ou qualification… Nous savons pertinemment que tu peux te tuer tout aussi facilement avec un bateau qu’avec une voiture, mais bon… le nautisme ne s’est pas encore sorti du trou législatif dans lequel il avait été « canté » du temps où les réglementations maritimes appartenaient soit à la Navy, ou soit aux bateaux commerciaux ou de pêche. Mais bref, tout ceci pour dire qu’il est fort possible pour quelqu’un n’ayant que très peu d’expérience de louer un voilier; cependant, de plus en plus de compagnies de charter maintenant demandent des certifications, et de tout façon il serait hors de question pour moi de louer un voilier si je ne me sentais pas 100% confiante de pouvoir le piloter dans à peu près n’importe quelle condition. Il existe une association qui jouit d’une excellente réputation et est sans aucun doute la plus « reconnue » au niveau international, et c’est la britannique RYA (Royal Yachting Association). Ils offrent une série de formation dans des écoles accréditées partout dans le monde, et sont les octroyeurs du prestigieux « yachtmaster » dans toutes ses déclinaisons.
Faisant mes petites recherches et lisant les syllabus de cours, je m’étais arrêtée sur la description du cours de « Coastal Skipper », qui selon mes lectures était le niveau recommandé pour effectuer des locations de voilier dans des zones côtières (à 22 miles nautiques des côtes). J’ai donc envoyé des courriels à des écoles qui donnaient encore des cours en novembre en Europe, ce qui se résumait aux Iles Baléares ou aux Iles Canaries. Je penchais plus pour les Iles Canaries car, malgré un manque certain d’enthousiasme face à leurs possibilités touristiques, les écoles y dispensent un cursus avec composante d’enseignement théorique et pratique des marées, inexistantes à toute fin pratique en Méditerranée; ce qui donc m’offrait la possibilité d’avoir un « plus » dans ma certification, celle de pouvoir naviguer aisément en zones maritimes dont les côtes subissent les marnages journaliers, ce qui à mon avis était un grand avantage. Mais dans le processus de sélection d’une école, j’avais aussi réalisé, avec l’aide de mes gentilles correspondantes administratrices des écoles, que j’avais en fait les conditions nécessaires à l’application pour le niveau supérieur, celui de « Yachtmaster offshore » (i.e. suffisamment d’expérience de navigation, calculée en fonction de miles nautiques parcourus, jours en mer et heures de navigation de nuit accumulés pendant les 15 dernières années). Je me suis donc inscrite finalement à une école à Tenerife, avec la possibilité de décider sur place si je faisais l’examen de Coastal Skipper ou Yachtmaster.

J’ai donc pris l’avion le 13 novembre vers les Iles Canaries, n’ayant aucune connaissance préalable de la destination, pour un séjour de 2 semaines pendant lesquelles je suivrais 4 cours et subirait un examen… non sans avoir eu 48 heures à l’avant le vertige de ce que je m’en allais faire et la subite envie de tout annuler. Mais il était trop tard. Je suis arrivée en fin de journée à Tenerife après une escale plutôt désagréable à Londres-Gatwick et j’ai eu mon premier choc. Premièrement, Tenerife est pleine… d’Anglais… it’s like England with the sun. Deuxièmement, c’est un gros caillou assez laid avec beaucoup trop de développements de complexes hôteliers sur une terre aride et brune, à l’ombre d’un immense volcan (Teide) qui est la plus haute montagne d’Espagne, curieusement. On m’a ramassé à l’aéroport et conduite jusqu’à la marina, qui serait mon « home away from home » pour mes 2 semaines là-bas. Ce soir-là, petite réception de bienvenue au Club House de l’école où je rencontre les autres étudiants et les instructeurs, tous Anglais évidemment. Nous sommes une grosse gang cette semaine-là, 5 groupes soit une vingtaine de personnes, répartis entre 4 bateaux et une salle de classe (car nous, les aspirants « yachtmaster », commencions la 1ere semaine en cours théoriques visant à mettre à niveau nos connaissances disparates et glanées ça et là au fil des années, des pays, et des capitaines rencontrés). Mes compagnons de route pour les cours de Yachtmaster étaient Bettina et Marco, un couple hétéroclite formé d’une jolie italo-allemande de 42 ans formée comme neurologue travaillant pour une compagnie pharmaceutique en Suisse, et d’un Napolitain d’origine équatorienne de 28 ans qui est dans la Navy italienne. J’apprendrai à les connaître au cours des jours qui suivront. Notre maison pour cette première semaine est un gros bateau moteur qui restera à quai, dans lequel nous sommes éminemment bien installés ayant de grandes couchettes, chacun notre douche, une belle cuisinette et grande table, etc.

Les cours de théorie commencent le lendemain matin dès 10 :00, sous la commande de Maggie, une Anglaise « no-nonsense » d’une cinquantaine d’années, qui fera preuve dans les jours qui suivront d’une compétence, d’une patience et d’une douceur à toute épreuve. Cinq jours sont trop courts pour faire le tour de l’ensemble du cursus en longueur, surtout que nous formons une équipe pleine de défi, étant tous les 3 de langue maternelle autre qu’anglaise – et Dieu sait qu’en navigation, le vocabulaire est important! Bettina et moi nous débrouillons fort bien par contre, mais Marco se bat constamment avec la langue de Shakespeare et a de la misère à suivre dès le départ. Cela ralentira un peu la classe, mais en même temps nous forcera parfois à mieux approfondir certains concepts sur lesquels nous aurions peut-être glissé trop rapidement. En tant qu’élèves au « yachtmaster », notre commande de la théorie se doit d’être exemplaire, que ce soit pour être capable d’identifier à la volée un jeu de lumière porté par un navire rencontré au large en pleine nuit ou un code sonore en pleine brume, lire une carte météo synoptique, planifier un cap à barrer tenant compte de la variation magnétique subie par rapport au nord géographique, des vecteurs de courants de marée et de la dérive du bateau causée par le vent, ou encore faire de complexes calculs de hauteurs de marée afin de savoir les hauteurs d’eau sécuritaires pour un passage particulier. La théorie est plus ou moins la même en essence qu’on fasse un cours de Day Skipper ou de Yachtmaster, mais les attentes quand à l’approfondissement de ces connaissances et leur application sont pas mal plus élevées; nous passons 8 heures de cours par jour en classe, et rentrons avec facilement 4 heures d’exercices à faire tous les soirs, sans compter les nombreuses lectures individuelles que nous devons faire pour se mettre à niveau sur un détail par ci ou par là – le rythme est essoufflant et le déficit de sommeil commence à s’accumuler tôt dans la semaine. De plus, le seul jour de congé que j’aurais pu avoir pour souffler, le vendredi entre les 2 cours (théorie et pratique), fut occupé à suivre un autre cours, celui d’opérateur radio VHF, obligatoire pour le brevet.
Juste parce j’avais besoin d’un autre défi (!), j’ai un accident tôt dans la semaine et je glisse en bas de l’escalier du bateau sur lequel on demeure – et plouf! je tombe entre le bateau et le quai, dans l’eau jusqu’aux aisselles car je réussis à étendre les deux coudes pour m’accrocher de justesse d’un côté sur le tableau du bateau, et de l’autre sur le ponton…. Ah Bravo Gen… je m’érafle joyeusement le côté en dessous d’un bras, et je me tords le genou je ne sais pas comment. Et non, avis aux langues sales, je n’avais pas bu!!! Une fois remontée dans le bateau, sortie de mon linge trempé, j’évalue les dégâts. L’éraflure qui saigne prendra 2 semaines à guérir avec une attention quotidienne et l’application d’une petite pomada locale, mais le genou va plus mal. Même avec un bandage je marche très péniblement les 3 jours suivants, et une fois le bandage enlevé, les douleurs resteront… jusqu’à ce jour. L’inexistence d’ecchymose ou d’enflure me fait réaliser que ce sont les ligaments qui sont touchés. Une petite recherche sur l’internet me confirme que j’ai fort probablement au moins un ligament déchiré; la douleur et l’inflexibilité me suivront dans la 2eme semaine et pendant mon examen.
La fin du cours de théorie approchant, les examens écrits passés un à un, la pression concernant le cours pratique commence à monter. Nous envions profondément nos collègues étudiants qui ont passés la semaine sur un ou l’autre des bateaux de l’école, faisant de la voile, eux… ils ont fait le tour de certaines îles, ont navigué, on vu du pays. Nous, on a vu la marina, la rue en arrière de la marina, la rue de l’école… le jeudi je me suis même aventurée 400 mètres plus loin, dans le village où est situé la marina, pour aller faire des courses! Grosse sortie – définitivement, je ne serai pas venue à Tenerife faire du tourisme! Je dois dire à sa défense que Las Galletas est une petite ville assez espagnole de caractère, quelque peu épargnée par le vilain tourisme de masse qui a défiguré ses alentours. On y parle un castillan un peu modifié, sans « s » prononcés, empruntant de nombreux mots d’arabe « hispanophonisés » et dont les plus long mots sont tronqués à la fin, à la chilienne. Les gens sont gentils mais moins chaleureux que les espagnols du continent, plus insulaires évidemment, et donc plus méfiants. L’architecture est indéfinie et mixte, avec une occasionnelle concession aux beaux balcons de bois appartenant aux constructions typiques des demeures coloniales canariennes. La pierre utilisée pour le brise-lame de la marina et autres constructions de pierre est noire et volcanique, le sable de la plage est gris foncé et peu accueillant. Les faciès des habitants trahissent une longue histoire de mixité, d’immigration et d’exils, laissant apercevoir des traits espagnols, nord européens, marocains, juifs, africains, latino-américains, etc.
Mes compagnons se révéleront être d’agréables copains de classe. Bettina est un heureux mélange de rigueur et de concentration allemande mais son sang italien maternel lui confère un certain laxisme et joie de vivre qui arrondissent ses traits plus germaniques et lui permettent une attitude saine de « vivre et laisser vivre » avec son ami Marco, qui lui est l’incarnation même de l’insouciance et affabilité napolitaine, couplés avec une certaine immaturité rigolote qu’on pardonne à ses 28 ans. Mais il cache mal sa frustration rencontrée face à son manque de maîtrise de la langue, et conséquemment du sujet appréhendé, et devra travailler doublement pour réussir ses examens. Il possède définitivement une certaine connaissance du sujet, en italien du moins, mais il est plus intuitif et kinesthésique dans son approche de la voile et sa théorie et cela lui jouera des tours pendant le cours en classe de même qu’en mer la semaine suivante. Nous aurons également l’occasion à partir du mercredi soir, soit à leur retour à la marina après 5 jours de navigation ailleurs, de socialiser avec les gens des autres bateaux et nous formerons ainsi un petit groupe de copains « voileux » pour quelques bons soupers bien arrosés.
Bien que difficile, cette première semaine fut très satisfaisante. D’un côté car j’ai réalisé que j’avais déjà accumulé beaucoup de connaissances et de compréhension de la matière en général et je me suis sentie assez à ma place, et paradoxalement de l’autre car j’ai beaucoup appris en très peu de temps. Dès le samedi matin de la 2e semaine, le rythme allait changer complètement… Nous déménagions sur un autre bateau, notre voilier pour la semaine cette fois-là, et commençait le ‘cours’ pratique « Yachtmaster Preparation ». J’avoue que je ne savais pas trop dans quoi je m’étais embarquée. Je réalisai assez rapidement que ce que je pensais être un cours de voile, avec navigation, etc. s’avérait être une semaine de préparation au but ultime visé, soit l’examen du RYA. Nous n’allions pas aller très loin de la marina, la semaine allait se passer à répéter des manœuvres, parfaire nos habiletés techniques, polir notre « style » comme skipper – bref pas de la voile croisière pour le plaisir! Je n’avais toujours pas décidé vraiment si je faisais le Yachtmaster ou le Coastal Skipper (mes 2 compères visaient définitivement le YM), mais la théorie était la même donc ça ne s’était pas posé encore. Et l’examen se ferait en même temps. Donc que sera sera, je me lançai en me disant que de toute façon, l’instructeure allait bien m’aiguiller selon mes forces et faiblesses au cours de la semaine. Se joignit à nous une quatrième personne, un Anglais jeune septuagénaire en forme, autrefois proprio d’un voilier qu’il avait vendu et voulait se refaire un peu la main. Donc il se joignait à notre petite équipée comme crew, pour aider aux manœuvres. Il était rigolo quoique pas toujours compétent, mais il était toujours présent à l’heure du thé (qui arrive environ 8 fois par jour pour les Anglais)… « Shall I put the kettle on? » entendrions-nous maintes fois par jour pour les prochains jours. À mon grand désespoir car, si au moins ils buvaient tous du thé de qualité. Mais non, ils buvaient des litres de thé noir insignifiant, sans nom, dont les poches rondes semblaient achetées au kilo, qu’ils faisaient infuser à mort pour ensuite le délayer avec du lait. Quelle horreur! (D’ailleurs, la réputation de gastronome (!) des Anglais les précédents, nous roulions par terre de rire quand nous avons déballé la caisse fournie par l’école de victuailles destinées à notre bateau pour la semaine… nous y avons entres autres retrouvés du corn beef (moi je pensais que c’était juste dans les BD ça), des baked beans en boîte, ben des oignons et des patates mais pas d’autres légumes (ah si, 3 tomates!), des céréales avec des pépites de chocolat, des kilos de bacon, un bloc de fromage gouda immangeable, et j’en passe… mettons que nous sommes allés faire un ‘tite épicerie…)
Puis compléta le tableau notre leader sans peur, Sue, elle aussi Anglaise, instructrice de voile depuis 3 ans. Drôle de fille, un peu plus jeune que moi, plutôt pince sans rire mais moins sèche que certains Anglais peuvent l’être; on s’habitua à son style rêche mais elle et Marco ne furent que de l’eau et de l’huile dès le départ, ce qui n’aida pas la cause de ce dernier…
Les jours qui suivirent furent une succession de sorties le matin pour faire des manœuvres de conduite de bateau au moteur dans la marina, question de s’habituer au bateau et pratiquer diverses techniques d’amarrage à quai, tourner dans des endroits confinés, happer des bouées, etc. Ensuite nous sortions au large pour faire des manœuvres sous voile et des exercices de navigation. Une chose doit être mentionnée… les eaux au large de l’est de l’île de Tenerife sont baignées par un vent très fort 90% du temps, alors que les Alizés s’engouffrent entre 2 îles et force le vent à accélérer rapidement. Donc ce qui peut être une jolie brise de 15 nœuds au nord et au sud de l’île devient un rugissant 30 nœuds tout juste en dehors de notre marina… ce qui fait de la voile sportive, n’est-ce pas… pendant le « YM Prep », les instructeurs ont comme mission de nous préparer sur 4 points : la conduite du bateau sous moteur et dans des endroits confinés, la manœuvre du bateau sous voile, la sécurité, et la navigation. Même si je n’avais pas beaucoup manipulé de plus gros voiliers depuis longtemps, je maîtrisai très rapidement la conduite du bateau. Le moteur « inboard » (situé à l’intérieur du bateau) dont l’hélice est située sous le cockpit, au ¾ arrière de la coque, rend ces manœuvres plus faciles qu’avec un moteur hors bord comme sur Océanide, mon petit voilier. Naviguer sécuritairement ne me pose aucun problème, et les techniques variées de navigation, de pilotage et de traçage avec les cartes nautiques sont ma force. Mon point faible s’avéra être rapidement la manoeuvre sous voile. Un manque d’expérience à naviguer avec d’autres personnes plus compétentes que moi et sur des plus gros bateaux plus modernes, et le fait que je n’avais jamais fait de courses ou régates et donc ne maîtrisais pas les techniques ni la rapidité des manœuvres, me désavantageaient. Je rageai contre la maudite manœuvre d’ « Homme à la mer » pratiquée uniquement sous voile, sans moteur, où tu dois essentiellement naviguer jusqu’à ton homme et stopper complètement le bateau à côté… pas trop évident et un peu chiant sous 30 nœuds de vent (60 km/h) avec des vagues de 2.5 mètres… bref je m’y cassai les dents les 2 premiers jours, et réalisai assez rapidement que c’était la seule chose qui se dressait entre moi et un brevet de yachtmaster. Marco, lui, a fait pire… nous utilisions comme homme à la mer une bouée qui portait le nom de « BOB » (pas trop certaine si c’était un jeu de mot sur l’acronyme de « Man Over Board – MOB » ou alors une allusion au fait que « BOB bobs in the water »…) et lors d’une manœuvre de récupération de BOB sous moteur, le pauvre « homme » passa malencontreusement sous la coque et Marco, tout d’un, enclencha la marche arrière… ce qui eu comme résultat de faire un gros CLONC! quand BOB se prit le manche de métal et le petit drapeau dans l’hélice du bateau et s’entortilla autour de l’arbre du moteur… à ne plus en décoller… Ce n’est pas une très bonne idée de tuer son homme à la mer quand tu tentes de passer un brevet de YM… Nous en avons beaucoup ri, mais je crois que cet incident scella le sort de pauvre Marco qui n’avait que réagi par réflexe. Nous passâmes 2 heures cet après-midi là à tenter de déloger BOB de sous la coque, ce qui fut finalement réussi par une longue plongée de Marco en pleine mer avec pour seuls outils un masque, un couteau et une corde. Au bout de 3 jours de manœuvres et incidents, l’instructrice nous fit chacun un petit debriefing pour nous dire où on se situait et quoi travailler dans les derniers 2 jours. Mon cas était le suivant : tout le reste allait bien, mais je devais maîtriser la manœuvre d’homme à la mer si je voulais qu’elle me recommande pour le brevet de YM. J’avais compris que je ne comprenais pas la manœuvre, et que c’était ça le problème. Elle nous refit une démonstration illustrée le lendemain, et le déclique se fit. Je le réussis 4 fois coup sur coup, et ce soir-là je rencontrai Sue et Andy, le directeur de l’école qui surveillait de près notre préparation, et ils me dirent qu’ils me recommandaient à l’examen de YM. Pour une fille qui s’en venait faire un cours de Coastal Skipper, tout d’un coup les enjeux venaient de monter d’une coche, et je trouvais que j’héritais par la bande d’une pression dont je ne voulais absolument pas au départ… d’autant que mes compères me confirmèrent ce soir-là qu’eux deux passeraient l’examen de Coastal Skipper, Sue ne les croyant pas prêts pour le YM… gulp!
C’est en plus toute une histoire, cette affaire-là. Y’a un examinateur officiel de la RYA qui arrive d’Angleterre pour faire l’examen, il faut remplir des tas de formulaires, etc. Très officiel, et ça n’aide pas le niveau de tension…

L’examen comme tel s’est passé sur le bateau, tous ensemble, pendant environ 27-28 heures. C’était HYPER stressant! L’instructrice est débarquée du bateau et c’était juste nous trois + l’examinateur, Andy, plus notre ami senior Robert qui est venu être équipier pour nous. L’examen consistait à une série d’exercices et de manœuvres donnés à chacun notre tour – il nous a gardé debout en navigation jusqu’à 03h00 du matin le premier soir, question de forcer la note et nous mettre un stress supplémentaire pour voir comment on gère le stress et la fatigue comme capitaine. Nous étions responsable du bateau à tour de rôle dans différentes situations, et équipier des autres quand nous ne l’étions pas. J’ai eu des exercices de navigation à l’aveugle, manœuvre d’homme à la mer, technique de maîtrise du bateau sous voile, connaissance des règles d’abordage, signaux lumineux, drapeaux, manipulation du bateau pour aborder des quais ou des bouées, etc. Nous avons terminé l’examen le lendemain vers 18h30, de retour à la marina, et dès l’arrivée Andy nous a pris un par un pour un debriefing perso, dans lequel il nous disait nos forces, nos faiblesses, etc, et si nous avions passé l’examen. Mon niveau de stress à ce moment-là avait baissé simplement à cause de la fatigue, et donc je suis allée à mon debriefing sans trop d’attentes, sachant très bien les erreurs que j’avais commises et mes faiblesses. Je dois avouer que c’est quand même tout un soulagement d’apprendre que j’avais passé mon examen!!!!

Alors voilà l’histoire du yachtmaster… un coup de tête qui s’est finalement transformé en exploit, du moins pour moi, et une épreuve dont je suis malgré tout fière.

3 commentaires:

  1. Hé bé bravo pour le cours et l'exam. Comme ça, quand on aura besoin d'un skipper, pas trop loin à chercher? Par contre, pas d'accord avec tes commentaires sur Tenerife. J'ai l'impression que tu es restée dans le voisinage immédiat de la marina, qui n'est pas jojo, c'est vrai, et dans un milieu "engliche" qui reflète bien mal la mentalité des gens du pays. Dès que tu pars vers Puerto de la Cruz ou vers le sud (Arona), ou que tu grimpes vers le Teide, ça change du tout au tout. Le pays est agréable, avec des aspects qui lui sont particuliers (on se croirait parfois en Arizona), les Canariens sont moins extravertis que les Espagnols du continent, mais tout aussi hospitaliers, et au moins trois crans plus efficaces -- et je ne parle pas de la bonne bouffe et de la jolie musique. Curieusement, les "Îles fortunées" ont été sans doute la plus sympa des escales que nous avons faites entre la Belgique et la Martinique! Comme quoi le jugement qu'on porte peut être bien influencé par la saison et les circonstances... À samedi, bizous.

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  2. Bonjour Gena,
    Merci pour ton temoignage sur ta formation YM. Je suis enormement interesse. Qu'elle etait ton ecole a Tenerife ?
    Merci par avance,
    Fabrice

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  3. Bonjour,

    Super ton récit sur ta formation, peut on savoir qu'elle était ton école à Ténérife
    merci
    Bertrand

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